Jean-Jacques Dikongué, Tribune2lartiste.com
Florence Béal-Nénakwé

Je suis une femme éprise de liberté et libre dans son art

Florence Béal-Nénakwé

Présente lors de la dernière coupe du monde de football en Afrique du Sud, Florence Béal Nénakwé a représenté parmi d’autres artistes peintres venus du monde entier, son pays le Cameroun. Inspirée et initiée par les différentes formes de la chefferie de Bangangté-ville où elle a grandi et fourbi ses armes, elle s’impose aujourd’hui comme une valeur sure dans le paysage artistique africain. Une peinture colorée, gaie et vive, les œuvres de Florence sont un hymne à la vie tout simplement.

Ma toute première question à l’autodidacte que vous êtes est : Quelle attitude, quelle démarche doit-on adopter pour atteindre le résultat qui est le vôtre aujourd’hui ?
Il faut travailler et avoir une part de chance.

Quelle différence y a-t-il entre l’autodidacte avec le succès qui est le vôtre et un artiste passé par le canal dit académique ?
La différence se situe au niveau  de la créativité. Quelqu’un  d’autodidacte laisse  son imagination voguer, alors que quelqu’un qui passe par un canal académique est obligé de suivre des règles et il est donc privé de certaines libertés. Ce dernier est formaté par l’enseignement qu’on lui transmet.

Pensez-vous que vous ne seriez pas devenue artiste-peintre brillante si vous n’étiez pas la nièce du chef de Bangangté-Ville ?
Oui, je ne serais jamais devenue artiste peintre si ma Tante dont je porte le nom n’avait  pas été la femme du Chef de Bangangté-Ville. C’est à la Chefferie que mon initiation a commencé et ceci me permet aujourd’hui de produire ces formes particulières

Qu’est ce qui guide votre travail de peintre ? Y a-t-il au-delà des messages portés par vos toiles, un qui soit le leitmotiv général de l’artiste que vous êtes ?
Ce qui guide mon travail aujourd’hui, c’est d’apporter de la gaieté aux gens.  Mon leitmotiv  est de véhiculer un message de Paix dans le Monde.

L’homme n’inspire pas beaucoup Béal Nénakwé. Est-ce que cela traduirait-il la distance qu’il y avait entre le chef  et vous et à contrario la proximité d’avec votre tante ? La femme occupe une place considérable dans vos œuvres. Vous me rétorquerez vous en êtes une.
C’est vrai que j’en suis une, mais c’est davantage la proximité avec ma Maman et ma Tante qui explique la place prépondérante de la femme dans mes œuvres. En Afrique la femme est le pivot de la société, les enfants sont élevés et entourés de femmes. Les enfants prennent exemples sur les mamans et les grand-mères.

Grâce à vous, le Cameroun était mieux représenté en Afrique du Sud, vous étiez parmi les 3 artistes camerounais choisis parmi les 160 pour la 2010 Fine Art. Qu’avez-vous ressenti et quel est aujourd’hui votre regard par rapport à l’élimination chaotique des Lions indomptables que vous accompagniez d’une certaine façon ?
En quelques mots, je suis fière que les Lions Indomptables  se soient qualifiés pour le Mondial en Afrique du Sud. Même s’ils se sont fait éliminés lors du 1er tour, je suis fière d’eux parce qu’ils y ont participé, d’autres pays n’ont pas eu cette opportunité.

Vous exposez officiellement depuis 2004 alors que vous peignez depuis plus longtemps que cela. Comment expliquez-vous ce passage sans visibilité « officielle » ?
Parce que je n’étais pas prête à montrer mon travail au public.

Vous n’avez encore pas exposé au Cameroun. Vous n’y voyez pas l’intérêt ou est-ce alors le Cameroun qui n’en voit pas encore ?
Je n’ai pas encore exposé au Cameroun parce que la logistique et les formalités administratives sont compliquées quand on est à l’étranger.

Que peut-on faire à votre avis, pour encourager des talents à ne plus être obligés de sortir pour qu’ils explosent à partir du territoire national? On a l’impression, à la lecture de votre dossier de presse et de vos interviews que si vous n’étiez pas sortie du Cameroun, vous ne seriez pas là où vous êtes.
Les laisser s’exprimer dés le plus jeune âge en leur faisant découvrir les arts. Si je n’étais pas partie du Cameroun, je ne serais pas en train de répondre à votre interview. Quand j’étais enfant les personnes se moquaient de mon travail, ils trouvaient les formes bizarres  moches à leurs yeux.

Qui est donc enfin  Béal Nénakwé Florence ?
Une femme éprise de Liberté et libre dans son art, respectueuse des traditions et une fervente partisane de la paix dans le Monde.

Jean-Jacques Dikongué | Mercredi 28 Juillet 2010 | Tribune2lartiste.com