Je suis une femme éprise de liberté et libre dans son art
Florence Béal-Nénakwé
Présente lors de la dernière coupe du monde de football en Afrique du Sud, Florence Béal Nénakwé a représenté parmi d’autres artistes peintres venus du monde entier, son pays le Cameroun. Inspirée et initiée par les différentes formes de la chefferie de Bangangté-ville où elle a grandi et fourbi ses armes, elle s’impose aujourd’hui comme une valeur sure dans le paysage artistique africain. Une peinture colorée, gaie et vive, les œuvres de Florence sont un hymne à la vie tout simplement.
Ma toute première
question à l’autodidacte que vous êtes est :
Quelle attitude, quelle démarche doit-on adopter pour
atteindre le résultat qui est le vôtre aujourd’hui ?
Il
faut travailler et avoir une part de chance.
Quelle différence
y a-t-il entre l’autodidacte avec le succès qui est le
vôtre et un artiste passé par le canal dit
académique ?
La différence se situe au niveau
de la créativité. Quelqu’un d’autodidacte
laisse son imagination voguer, alors que quelqu’un qui
passe par un canal académique est obligé de suivre des
règles et il est donc privé de certaines libertés.
Ce dernier est formaté par l’enseignement qu’on
lui transmet.
Pensez-vous que vous
ne seriez pas devenue artiste-peintre brillante si vous n’étiez
pas la nièce du chef de Bangangté-Ville ?
Oui,
je ne serais jamais devenue artiste peintre si ma Tante dont je porte
le nom n’avait pas été la femme du Chef de
Bangangté-Ville. C’est à la Chefferie que mon
initiation a commencé et ceci me permet aujourd’hui de
produire ces formes particulières
Qu’est ce qui
guide votre travail de peintre ? Y a-t-il au-delà des
messages portés par vos toiles, un qui soit le leitmotiv
général de l’artiste que vous êtes ?
Ce
qui guide mon travail aujourd’hui, c’est d’apporter
de la gaieté aux gens. Mon leitmotiv est de
véhiculer un message de Paix dans le Monde.
L’homme
n’inspire pas beaucoup Béal Nénakwé.
Est-ce que cela traduirait-il la distance qu’il y avait entre
le chef et vous et à contrario la proximité
d’avec votre tante ? La femme occupe une place
considérable dans vos œuvres. Vous me rétorquerez
vous en êtes une.
C’est vrai que j’en suis une,
mais c’est davantage la proximité avec ma Maman et ma
Tante qui explique la place prépondérante de la femme
dans mes œuvres. En Afrique la femme est le pivot de la
société, les enfants sont élevés et
entourés de femmes. Les enfants prennent exemples sur les
mamans et les grand-mères.
Grâce à
vous, le Cameroun était mieux représenté en
Afrique du Sud, vous étiez parmi les 3 artistes camerounais
choisis parmi les 160 pour la 2010 Fine Art. Qu’avez-vous
ressenti et quel est aujourd’hui votre regard par rapport
à l’élimination chaotique des Lions indomptables
que vous accompagniez d’une certaine façon ?
En
quelques mots, je suis fière que les Lions Indomptables
se soient qualifiés pour le Mondial en Afrique du Sud. Même
s’ils se sont fait éliminés lors du 1er
tour, je suis fière d’eux parce qu’ils y ont
participé, d’autres pays n’ont pas eu cette
opportunité.
Vous exposez
officiellement depuis 2004 alors que vous peignez depuis plus
longtemps que cela. Comment expliquez-vous ce passage sans visibilité
« officielle » ?
Parce que je n’étais
pas prête à montrer mon travail au public.
Vous n’avez
encore pas exposé au Cameroun. Vous n’y voyez pas
l’intérêt ou est-ce alors le Cameroun qui n’en
voit pas encore ?
Je n’ai pas encore exposé au
Cameroun parce que la logistique et les formalités
administratives sont compliquées quand on est à
l’étranger.
Que peut-on faire à
votre avis, pour encourager des talents à ne plus être
obligés de sortir pour qu’ils explosent à partir
du territoire national? On a l’impression, à la
lecture de votre dossier de presse et de vos interviews que si vous
n’étiez pas sortie du Cameroun, vous ne seriez pas là
où vous êtes.
Les laisser s’exprimer dés
le plus jeune âge en leur faisant découvrir les arts. Si
je n’étais pas partie du Cameroun, je ne serais pas en
train de répondre à votre interview. Quand j’étais
enfant les personnes se moquaient de mon travail, ils trouvaient les
formes bizarres moches à leurs yeux.
Qui est donc enfin
Béal Nénakwé Florence ?
Une femme
éprise de Liberté et libre dans son art, respectueuse
des traditions et une fervente partisane de la paix dans le Monde.
Jean-Jacques Dikongué | Mercredi 28 Juillet 2010 | Tribune2lartiste.com